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Le CAP parle aux arbres... et ils lui répondent


Par Marion Decharière, Consultant Junior au Cabinet


Un hectare de truffière au coeur d'un domaine agricole du Luberon mais pas une truffe en dix ans ... C'est dans ce contexte que j'ai rencontré Philippe Boit, un « technicien de la nature » c'est ainsi qu'il définit son métier. Une rencontre singulière et passionnante qui ne laisse pas indifférent.

Ce paysagiste trufficulteur explique que dans les années 1920- 1930, la production de truffes avoisinait les 30 à 40 tonnes par an rien que dans le Var, aujourd'hui cette production se limite à

une tonne. Cela s'explique selon lui par le fait que les paysans étaient à l'époque de véritables agroforestiers, bûcherons, bergers, les forêts étaient plus entretenues et aérées que de nos jours. Comme aime à le dire Philippe Boit : « les hommes vivaient en harmonie avec la nature ». Cet équilibre aujourd'hui rompu, les milieux se sont refermés et la truffe s'est faite plus rare.

Dès sa première visite sur le domaine suivi par la Cabinet d'Agronomie Provençale, le trufficulteur fait rapidement un diagnostic : la truffière a un véritable potentiel, les chênes sont mychorizés, il suffit de les faire fructifier ! L'irrigation, un léger travail du sol, un apport de BRF*, une minéralisation du sol et la taille seront nécessaires. C'est sur ce dernier aspect que la méthode de Philippe Boit est surprenante car il ne choisit pas quel arbre couper ou quelle branche tailler, non il le leur demande...

D'abord sceptique quand je le vois interroger les arbres munis de ses baguettes en cuivre, je décide finalement de me prêter à cette expérience, j'interroge un arbre, une baguette en cuivre

dans chaque main, les baguettes ne bougent pas, je persiste sous les yeux encourageants du trufficulteur. Est-ce que tu vas produire des truffes ? Faut-il te tailler ? Faut-il couper telle ou

telle branche ? Quel arbre couper ? Les baguettes se ferment, s'ouvrent, désignent un autre arbre. Surprenant, et s'il était possible de communiquer avec les arbres...

Phillippe Boit en est convaincu. Basé dans le Var, il intervient jusque dans la Drôme, on fait appel à lui pour faire fructifier toutes sortes de truffières, des arbres achetés mychorizés dans une pépinière ou sauvages, des chênes, des châtaigniers, des noisetiers et même des oliviers, dans des forêts, des jardins ou au milieu des vignes... si le terroir s'y prête, Philippe Boit sait rendre

le site accueillant pour la truffe, « remettre de l'harmonie dans la nature » explique-til.

Ses connaissances sont empiriques et intuitives et ne se prétendent pas scientifiques mais il a de très bons résultats avec ses méthodes.

Je terminerai le récit de cette rencontre par la définition de la truffe selon Philippe Boit: « c'est le fruit de la quintessence entre l'amour et l'harmonie, entre l'homme et la nature ».

*Bois Raméal Fragmenté